Une Ste-Vierge et une greffe

Une Sainte-Vierge et une greffe

INTRODUCTION

Bonjour à tous, je vous souhaite la bienvenue à cette quatrième chronique de mon blog Résilience.

Nous évoluons dans une société où la religion, la spiritualité ainsi que la science cohabite tant bien que mal. Tant de gens, tant de façon de voir la vie et tant de conflits.

Si je peux me permettre une réflexion : il n’est pas rare de voir une personne qui traverse une épreuve importante se tourner vers la méditation, la spiritualité ou la religion afin de trouver un sens à ce qu’elle traverse. C’est parfois le cas pour calmer la souffrance, tantôt pour aider à limiter l’anxiété et/ou tenter de trouver des réponses ou des explications. Beaucoup d’entre nous regardons la vie avec attention à la recherche de signes qui nous confirmeraient que nous sommes sur la bonne voie.

J’ai passé une grande partie de ma vie à ne croire qu’à la science et tout le reste n’était que charlatanisme, jusqu’à ce que je vive une expérience qui décoiffe! Alors sans plus tarder, je vous invite dans un voyage au cœur de la transformation et disons-le franchement, des signes que la vie peut nous apporter.

Je vous souhaite un agréable moment. Bonne lecture!

PRINTEMPS, DOUX PRINTEMPS...

Un printemps tout en douceur?

Nous sommes au début du printemps 2006, il commence à faire bon à l’extérieur et la nature se réveille lentement d’un hiver pas si lointain. Malgré la frénésie et le bien-être que le printemps peut procurer, j’ai le cœur lourd. Il y a déjà quelques mois que je dois faire des traitements de dialyse trois fois par semaine à l’hôpital, car mes reins ont lâché. Je n’ai sûrement pas besoin de vous dire à quel point c’est difficile!

Pensez-y un instant, trois fois par semaine à raison d’environ quatre heures par visite. Quatre heures… branché à une machine sans pouvoir bouger, car votre sang se promène entre vous et ladite machine. Ça vous limite les mouvements ça mes amis! Juste le fait de penser que si un tuyau venait qu’à se débrancher, ça ne prendrait pas grand temps et la vie serait chose du passé, ça me fait retrousser le poil sur les bras.

C’est juste pour vous dire à quel point ce n’est pas évident et je vous épargne tous les tenants et aboutissants qui résultent de l’insuffisance rénale terminale! Modification alimentaire, limitation de la consommation de liquide quotidienne, etc… Cependant, un peu de lumière semble se pointer à l’horizon, car, j’ai récemment commencé une autre sorte de dialyse, qui elle, se fait non pas par le sang (hémodialyse), mais par un liquide injecté à l’intérieur de la paroi abdominale, ce qu’on appelle de la dialyse péritonéale (péritoine).

La dialyse et les contre-coups

Un des avantages est que ça permet de faire les traitements chez moi, dans mon lit. D’autre part, La dialyse péritonéale est censée être beaucoup plus douce, car elle est faite chaque jour (ce qui implique moins de contre-coups pour le corps), mais ça ne veut pas dire que je trouve ça moins pénible pour autant.

Une autre utilité et non la moindre de faire ce genre de dialyse est le fait que le corps est en mesure d’éliminer un peu plus de liquide qu’avec la dialyse par le sang. Comme elle s’effectue à chaque jour cela permet de boire quelques gorgées de plus! Je ne sais pas si je vous l’ai mentionné lors de précédents épisodes, mais lorsque nos reins de fonctionnent plus : plus question de consommer de liquide! Et là je vous entends déjà me dire : Ah non… Pu d’alcool! Ha Ha… non on ne boit plus du tout! Zéro, niet, nada.

Étant donné que ce sont les reins qui permettent de créer de l’urine et bien… pu de rein, pu d’urine. Ce qui veut dire que chaque goutte de liquide que vous ingérez (eau, soupe, fruit, etc.), votre corps la retient. Vous connaissez l’expression : l’eau c’est la vie? Bien dans le cas d’insuffisants rénaux, l’eau ça peut représenter la mort!

Survivre pour vivre

Il est important que je vous explique qu’à cette époque précise, je suis en arrêt de travail depuis un certain temps, puisque le travail de technicien ambulancier paramédic n’est pas très compatible avec les nombreux traitements ainsi que les cathéters requis pour effectuer les traitements de dialyse (péritonéale = cathéter qui sort du ventre, hémodialyse = cathéter qui sort de la cage thoracique). Ce travail je l’ai choisi par passion et j’ai travaillé fort afin d’y parvenir. Alors imaginez un peu : en arrêt de travail, pas d’entrainement, pas de liquide, diète stricte en lien avec les troubles sanguins liés à la mauvaise filtration du sang, etc. J’veux bien sourire avec le plus de dents possibles, mais à 30 ans, survivre n’est pas synonyme de plaisir je peux vous le garantir!

Je m’accroche donc à la vie du mieux que je peux et je m’efforce d’avancer en rêvant à des jours meilleurs. Mais comme si j’en avais pas déjà plein les bottines, mon grand-père paternel vient d’être admis à l’hôpital et on m’apprend qu’il est mourant. Il m’est impossible de me résigner à croire que mon grand-père, un homme solide, fort, celui que je croyais quasi invincible, une force de la nature et un modèle pour plusieurs dans la famille, risquait de nous quitter sous peu et à tout jamais. J’ai beau vouloir tenter de trouver du positif à travers la situation mais la souffrance physique et psychologique commence à peser beaucoup trop lourd sur mes épaules.

Faut dormir dans la vie!

Souffrance ou pas, il faut dormir dans la vie. Alors, comme chaque soir depuis les dernières semaines, je m’installe dans mon lit afin de relaxer un peu. Disons que ces temps-ci mon sommeil est souvent meublé par de multiples cauchemars qui ont, plus souvent qu’autrement, ni queue ni tête.

« J’espère donc que je vais réussir à dormir cette nuit! Une bonne nuit de sommeil me permettrait de puiser un peu de force et de réconfort. Un mouton, deux moutons, trois mout… ZZzzzZzZZzz »  

J’ouvre lentement les yeux. Tout est sombre autour de moi. Tout ce que je réussis à distinguer devant moi, ce sont deux cadrages de fenêtres qui donnent vers l’extérieur. Dehors la nuit tombe lentement. Les couleurs définissant la ligne d’horizon sont un parfait mélange entre l’orangée, le rouge feu et le rose. Vous savez, le genre de couleurs que seule la tombée de la nuit peut apporter au ciel? Les étoiles commencent à se faire beaucoup plus présentes et le spectacle est magnifique.

RÊVE ET RÉALITÉ

Un rêve qui décoiffe

J’ai l’étrange impression d’être dans une maison, mais comme je ne vois rien d’autres que les fenêtres, il m’est difficile de percevoir ce qui m’entoure. Je ressens une forte présence. La présence d’un homme qui me semble imposant. Je ne le vois pas, mais je le sens tout près de moi. Tout à coup l’homme en question me dit avec une voix rassurante et grave :

« Tout ce que tu as à faire pour guérir c’est de regarder vers le ciel! »

Ce que je m’empresse de faire. Je regarde par une des fenêtres et au même moment, une étoile filante apparait haut dans le ciel. Cependant, elle descend vers l’horizon en s’éloignant au loin. C’est alors que je lui réponds :

« Tu vois bien, la guérison ce n’est pas pour moi!!! »

Au moment même où je prononce ces mots, l’étoile filante touche terre au loin et elle revient vers la maison… Un peu comme une boule de feu qui revient en bondissant vers moi. Seul petit détail qui n’est pas banal est qu’à chaque bond qu’elle fait, elle devient de plus en plus grosse et de plus en plus flamboyante.

Avant même que je puisse avoir le temps de dire ou de faire quoi que ce soit, la boule de feu pénètre par une des fenêtres et me tombe dans les mains!?! C’est alors que je dirige mon regard vers mes mains, qui sont fermées au moment de regarder, mais d’où semble jaillir une lumière d’une intensité que je n’ai jamais vue. Je me dépêche de les ouvrir, curieux, et en les ouvrant, je découvre une statue de la Sainte-Vierge illuminée au creux de mes mains!!! Poufffff je me suis réveillé en sursaut avec une seule idée en tête : JE SUIS GUÉRI!

Athée, religions et croyances

À la lecture de cette histoire, vous avez sûrement compris que je venais de faire un rêve plutôt incroyable. Jamais je n’avais ressenti une telle force, une telle euphorie, tellement que j’ai pris mon téléphone, je l’ai porté à mon oreille sourde afin de tester si je n’entendrais pas à nouveau… Ça fait pourtant 13 ans que je suis sourd de cette oreille… Bon, malheureusement, je n’entends toujours rien et je ne suis pas guéri! Mais j’ai passé la journée entière sous le choc en ne comprenant pas ce qui s’était passé. J’étais bouleversé comme je ne l’avais jamais été. Était-ce mon désir de guérir? Était-ce l’intensité du rêve qui m’avait fait réagir de la sorte? Je n’en ai aucune fichue idée, mais j’étais clairement déstabilisé.

Petite parenthèse ici afin de vous faire comprendre l’ampleur de ce rêve ainsi que de la continuité de l’histoire. Il faut comprendre que je ne suis pas pratiquant ni croyant (religieusement parlant). Je n’ai jamais adhéré à la religion et ce, peu importe la religion. Ce qui veux donc dire que les symboles religieux n’ont pas de réelle signification pour moi. Que ce soit l’Église, la Sainte-Vierge, la Bible ou autres, pour moi ce ne sont que des concepts.

Ah la Sainte-Vierge

Et la Sainte-Vierge là dedans?Pour ce qui est de la Sainte-Vierge le seul souvenir que j’ai, en ce sens, c’est celui d’une statue de ladite Sainte-Vierge phosphorescente qui nous servait, étant jeunes, dans le sous-sol chez mes grands-parents afin de jouer à la cachette dans le noir. Le concept était simple : lorsque nous étions réunis, cousins/cousines lors de rencontres familiales, nous avions pris l’habitude de jouer à la cachette dans le sous-sol. Il faisait tellement noir que c’était l’endroit idéal pour notre activité.

À partir du moment où nous étions tous cachés, le dernier qui était désigné pour faire la recherche fermait les lumières du sous-sol afin de nous plonger dans le noir le plus total. À ce moment, la recherche démarrait à l’aide de la Sainte-Vierge phosphorescente car elle permettait d’illuminer un peu et c’est ce qui aidait à nous retrouver. Alors c’est pour vous dire que pour moi, de rêver à une Sainte-Vierge, était quelques choses d’unique et d’incompréhensible. Surtout le fait qu’elle était lumineuse et éblouissante!

Bref, le quotidien reprend sa place et la pesanteur de la maladie ainsi que de ma condition est vite revenue et ce, malgré mon ressenti de guérison à la suite de mon rêve étrange. J’avais beau avoir eu l’impression que j’étais soudainement guéri, c’était pourtant loin d’être le cas et j’ai vite déchanté! Quelques jours plus tard, j’apprends que mon grand-père tant apprécié est finalement décédé. Ce symbole de force s’est finalement éteint et sa présence ainsi que sa poignée de main ferme me manqueront à tout jamais.

Entre-temps, je raconte mon étrange rêve de Sainte-Vierge à un de mes frères. Mon histoire le jette un peu sur le cul!

Une visite pas comme les autres

Évidemment qui dit décès dit cérémonie et salon funéraire (du moins, avant la pandémie…). Nous nous sommes retrouvés toute la famille et les proches afin de rendre hommage à cet homme tant apprécié. Ce qui me frappe durant cette journée au salon funéraire, c’est la force et la présence solide de ma grand-mère.
Elle vient de perdre l’homme qui l’a accompagné pendant plus de 50 ans ce n’est tout de même pas rien. Mais vous savez quoi? Ma grand-mère est elle aussi un symbole de force et de détermination! Si vous l’aviez vu durant ces moments pénibles… solide comme le rock, quasi-inébranlable.

Cela dit, le lendemain des funérailles, moi et mon frère (à qui j’ai raconté mon histoire) décidons de rendre visite à notre grand-mère afin de prendre de ses nouvelles. Imaginez notre surprise quand, à notre arrivée, elle nous ouvre la porte, nous salue rapidement et me dit :

« Un instant, j’ai quelque chose pour toi… »

Puis elle disparait au fond de sa maison! Moi et mon frère sommes restés là, un peu bouche-bée, sans comprendre ce qui venait de se passer! Elle revient aussi vite qu’elle est partie, me prend les mains, y glisse quelque chose, me referme les mains et me dit d’un ton directif et assuré :

« Là, tu vas porter ça dans ton cou, tout le temps et je te jure que tu vas guérir, m’as-tu entendu? Tu vas GUÉRIR! »

En ouvrant mes mains, j’y retrouve une petite médaille avec une Sainte-Vierge dessus!!! OK… Mon cerveau a tout de suite fait le parallèle avec mon rêve. Non seulement la stupéfaction de mon visage était difficile à cacher, mais j’ai le poil des bras qui s’est raidi d’un coup sec! La même chose est arrivée à mon frère!

Saint-Christophe, Sainte-Vierge et hasard...?

Ce Saint-Christophe (celui avec la Sainte-Vierge), ma grand-mère était allée le chercher alors que mon grand-père avait passé proche de la mort, huit ans auparavant. À cette époque, mon grand-père avait été victime d’un anévrisme de l’aorte thoracique. Dans son cas précis, les médecins ne lui avaient pas donné 48 heures à vivre. Contre toute attente, il a vécu huit ans de plus. Je rajouterais même qu’il en a vécu au moins sept sur huit de relativement belle. Ce n’est pas peu dire…

Ma grand-mère, qui était extrêmement croyante, lui avait ordonné de porter cette médaille dans son cou. D’ailleurs, il ne l’avait que très rarement retiré avant son décès. C’est donc sa médaille à lui, que ma grand-mère venait de me léguer et ce, dans le même esprit de détermination qu’elle lui avait remise huit ans plutôt. Je n’ai jamais été baptisé et je vous rappelle que je ne pratique aucune religion alors le simple fait de porter un symbole religieux, qui plus est dans mon cou, ne me rentre juste pas dans la tête.

Je me considère pas mal comme un athée et à titre de technicien ambulancier paramédic, je penche pas mal plus du côté de la science que du domaine religieux ou de la spiritualité. Ayant été élevé dans une famille où l’ésotérisme ainsi que la spiritualité avait une place prépondérante et voyant ce que ma mère en faisait, j’avais pas mal rejeté tout cela du revers de la main. Cependant, si vous aviez vu le regard de ma grand-mère J’ai donc décidé de la porter, croyant ou pas. Je l’ai fait d’abord et avant tout en l’honneur de mon grand-père et un peu pour faire plaisir à ma grand-mère!

CONTINUER

Quand la souffrance vous fait baisser les bras

Les semaines passent, l’été s’installe doucement mais la maladie ainsi que la souffrance se font de plus en plus ressentir. J’ai vaguement en mémoire ce qui s’est passé avec ma grand-mère au début du printemps, mais comme je n’ai pas eu d’autres événements ou visions, ce n’est plus d’actualité dans ma tête. De toute façon j’ai la tête tellement pleine de souffrances et de traumatismes qu’il ne semble plus y avoir de place pour y stocker quoi que ce soit d’autre. Comme le mentionne ce proverbe zen: il faut vider sa tasse de thé avant de pouvoir la remplir. Bien la mienne est pas mal trop pleine pour l’emplir à nouveau! L’histoire ne s’arrête pas là…

Nous sommes maintenant rendus en juillet 2006, donc déjà quelques mois après le décès de mon cher grand-papa. Il fait chaud et c’est humide et heureusement que j’ai été en mesure d’installer l’air climatisé dans ma chambre, car je suis certain que je ne passerais pas au travers. Tout d’abord parce qu’en raison de la maladie de Fabry, je ne tolère pas du tout la chaleur ni l’humidité et que ça prend tellement d’énergie faire de la dialyse que le corps n’a pas la force de combattre des chaleurs excessives.

La dialyse de nuit

À chaque soir avant de me coucher, je dois me brancher à une machine portative, afin de faire la dialyse (vous savez, la dialyse péritonéale dont je vous ai récemment parlé?). C’est cette machine, à l’aide du liquide inséré dans mon péritoine (enveloppe abdominale), qui permet de filtrer mon système des déchets que mes reins ne peuvent plus filtrer depuis trop longtemps. C’est ce qui remplace l’hémodialyse (dialyse par le sang). Cinq fois par nuit, la machine siphonne le liquide que j’ai dans la paroi intestinale et remet du liquide propre.

Tout se fait de façon automatique et autonome. Je n’ai donc pas à surveiller la progression de la filtration qui s’effectue tout au cours de la nuit.

Petit détail important : à chaque fois que la machine effectue son cycle de filtration, lorsqu’elle arrive à l’étape du drainage (cinq fois par nuit), j’ai l’impression que les organes, la colonne vertébrale et tout le reste vont également y être siphonnés! Je me réveille à chaque maudite fin de cycle en pleurant de douleur. Je vous pose la question suivante: Avez-vous déjà bu, jusqu’à la dernière goutte, dans une bouteille en plastique (telle une bouteille d’eau) vous savez…quand le plastique se replie sur lui-même?

Bien c’est exactement comme ça que je sens l’intérieur de mon ventre. Je me sens comme une bouteille de plastique, sur-siphonnée! Pourtant ça ne devrait pas être le cas puisqu’on m’a dit que beaucoup de gens vivent avec cette dialyse et la tolère bien. Semblerait que ce ne soit pas tout à fait mon cas… et cette douleur, j’en suis plus capable!

Les aléas de se soigner à la maison

Comme à chaque soir depuis quelques mois je m’installe dans ma chambre en fin de soirée afin de pouvoir m’installer pour le traitement à suivre au cours de la nuit. Je désinfecte tous les équipements afin de me brancher à la machine et ainsi pouvoir démarrer le cycle de filtration. Je vous ai déjà parlé de l’avantage de faire cette dialyse à la maison hein? Plus de douceur, moins de visites à l’hôpital, des traitements à la maison dans le confort de son foyer…

Petite précision importante: ce type de dialyse s’effectue sept jours sur sept, à raison de plus ou moins neuf heures par nuit. Oui Oui, on nous le dit à l’hôpital… M Sévigny, non seulement vous allez faire la dialyse à la maison, mais vous allez dormir comme un bébé! Ah! Oui vous avez bien raison, comme un bébé qui fait des colites ulcéreuses!

Je démarre le processus de filtration et je me vidange donc une première fois, ce qui prends quelques minutes. La machine retire le liquide, qui a passé la journée dans mon ventre (péritoine) et le ressort afin d’en insérer du nouveau. Une fois le processus terminé, je me débranche et je vais prendre une marche dans le quartier où j’habite histoire de me sentir un peu libre avant la nuit.

Précisions à apporter

Je vous explique un autre détail : en temps normal, un patient dialysé qui est en attente sur la liste de greffe doit avoir sur lui en tout temps le téléavertisseur fourni afin d’être rejoint dans le cas d’une éventuelle greffe. Malgré le fait que je suis sur la liste d’attente depuis quelques mois seulement, j’ai tellement perdu espoir que c’est rendu que je sors sans même l’apporter. J’ai l’impression que je ne recevrai jamais cet appel tant attendu, surtout qu’avec un groupe sanguin rare, on m’a mentionné que ça pouvait prendre entre deux et trois ans d’attente. J’ai donc un peu (beaucoup) baissé les bras et j’ai arrêté d’attendre.

C’est important que je vous mentionne ce détail, car aujourd’hui avec du recul, il est clair que je ne voyais pas le bout de cette histoire, de cette souffrance. Parfois, la vie fait tellement mal que ça devient quasi impossible (question de perspective) de voir qu’il peut y avoir de la lumière, car la vie, après tout, est imprévisible. D’où l’importance de garder espoir, ce qui est le but principal de ce projet et de vous partager mon histoire, vous donner de l’espoir. L’avenir n’est pas tracé d’avance et il est ouvert à un monde de possibilité… Je retourne donc à mon histoire.

Les étoiles et mon grand-père

Ce soir de juillet, il fait chaud et humide. Malgré les fortes lumières émanant de la ville ainsi que l’humidité accablante le ciel est splendide! Des étoiles, il y en a à perte de vue. Quel bonheur de pouvoir admirer un ciel étoilé de la sorte pendant que je marche et que je prends l’air. Après tout, juste ça, c’est un privilège en soit…

Tout à coup pendant, je décide de m’arrêter sec, sans idée particulière. À l’endroit où je suis rendu dans mon trajet, je lève les yeux vers le ciel afin d’admirer sa splendeur et je prends un instant afin de ressentir la plénitude que ça m’apporte. Puis soudainement, sans raison, je pogne le feu au cul!

Un sentiment de rage et de colère monte en moi et instinctivement je décide de parler à mon grand-père qui, selon ma vision des choses, est peut-être quelque part là-haut, au ciel, en orbite, je sais pas, mais quelques part et je lui dis :

« Tsé grand-papa, j’en ai plein le cul! Je ne suis plus capable de souffrir pis sais-tu quoi? Demain là, j’irai m’acheter une voiture neuve! Oui oui, t’as bien entendu. Si je suis pour mourir sous peu, ben j’vais me gâter un peu! Faque si ce n’est pas une bonne idée, arrange-toi donc pour que ça ne fonctionne pas. Aaaah pis pendant qu’on y est là, organise-toi pour que ma situation change au plus criss parce que je te fais une promesse, si ça ne change pas, on va bientôt allez se parler dans le blanc des yeux. J’vais me répéter mais je ne suis juste plus capable de survivre! Aaaah et pis si c’est vrai que les morts nous entendent, fais-moi donc un signe. Le genre de signe que je vais comprendre… pas quelque chose que je vais devoir interpréter. »

Athée ou pas, un signe qui cogne dur

Je n’ai même pas eu le temps de terminer ma phrase qu’en baissant les yeux, je tombe face à face avec une statue de la Sainte-Vierge… Elle est là, sur le terrain de la maison face à laquelle je me suis arrêté.

Ce n’est pas des maudites farces, ça fait plus de six mois que je marche dans ce quartier là et j’ai jamais vu la statue auparavant. Je suis venu les yeux pleins d’eau (encore une fois mon cerveau a fait le lien avec mon rêve de la Sainte-Vierge), rempli de frissons et encore une fois déstabilisé. J’ai regardé à nouveau vers le ciel en souriant et puis je suis reparti sur le même rythme que j’avais débuté afin de compléter ma marche et retourner me brancher pour la nuit. Le plus troublant dans cette histoire, ce n’est pas tant ce qui vient de se passer que ce qui allait se passer le lendemain matin.

L'appel tant attendu!

Le lendemain matin, comme à tous les matins après les traitements de dialyse, je me débranche et me prépare à une autre journée un peu ordinaire (mettons qu’en insuffisance rénale terminale, ça limite beaucoup vos activités, surtout avec des cathéters qui vous sortent du corps). Comme je vous ai mentionné la veille pendant ma marche, j’avais signifié à mon grand-père que j’avais pris la décision d’aller me magasiner une voiture. Je vous rappelle que je ne porte plus le téléavertisseur…

Je décide donc d’aller de l’avant avec le projet de la nouvelle voiture. J’appelle un de mes cousins qui habite dans les Laurentides afin de le visiter, tout près d’un des concessionnaires où je désire allez magasiner. Nous discutons un peu au téléphone, mais il m’avise qu’il n’est pas disponible cette journée là, ce qui repousse donc un peu ma visite. Je voulais faire d’une pierre deux coups, donc je pourrais repousser mon petit projet au lendemain et ça serait bien correct comme ça. Maudite bonne affaire, puisque quelques instants plus tard le téléphone de maison retentit :

« Allo?

  • M. Sévigny?
  • Oui?

C’est Dr BonneNouvelle! »

Et il enchaine sur un ton neutre :

« On a un rein pour vous. »

Une nouvelle qui saisie

Le spécialiste avait décidé de me contacter directement à la maison et non sur le téléavertisseur. Comme je ne portais plus le téléavertisseur, si j’étais parti de la maison, jamais je n’aurais reçu l’appel et le rein aurait été donné au suivant! Oui oui, le lendemain matin du cri du cœur à mon grand-père et de la Sainte-Vierge, j’allais recevoir ce cadeau de vie dans lequel j’avais perdu espoir.

Je vous confirme qu’encore aujourd’hui, malgré les difficultés reliées à la maladie et la vie avec une maladie orpheline, je porte encore et toujours la médaille qui a jadis appartenu à mon grand-père! Avez-vous une petite idée de l’importance qu’elle a prise dans ma vie?

Je ne sais pas comment ça résonne pour vous, mais tout de même bouleversant comme histoire hein?

CONCLUSION

Les signes ou le hasard

Après avoir entendu ceci, je vous pose la question suivante : et vous, avez-vous déjà été témoin de signes de la sorte qui ont changé votre vie?

Au risque de me répéter, croyant ou pas, synchronicité, coïncidence, hasard, appelez ça comme vous voulez… je sais très bien que la vie est une question de perception, n’empêche que je ne peux passer sous silence l’accumulation de signes qui ont mené vers la greffe. À la suite de cet ensemble d’événements, suis-je plus croyant aujourd’hui? De façon religieuse, non. Mais est-ce que je crois qu’il y a quelque chose de plus fort que nous et qui veille sur nous?

Questionnement existentiel

Possiblement… J’ai tout de même développé une petite théorie à ce sujet. Vous avez déjà entendu parler de guérison spontanée? Est-ce que les guérisons spontanées qui sont d’ailleurs de plus en plus le sujet d’études, ne sont en fait que des réactions que le corps produit mais dont nous ignorons aujourd’hui le mécanisme? Et si Dieu, la Force, ou peu importe le nom, n’était pas un être supérieur se trouvant à l’extérieur de nous ou dans une autre dimension, mais était en nous?

Si au moment où l’être humain est le plus croyant, s’abandonne le plus, fait confiance et a une foi inconditionnelle si forte que le corps se mettait à développer un paquet de mécanismes de régénération, qui aujourd’hui, sont encore méconnus? Et si cette force était dormante en chacun de nous?

Selon moi, il y a matière à réflexion. Il est évident que ce sont des choses extrêmement difficiles à étudier pour la médecine puisque cela implique la pensée, les émotions et autres détails encore quasi impossible à mesurer avec fiabilité. Mais tout de même… c’est fascinant!

J’espère que cette chronique vous a plu et je vous invite à partager si le cœur vous en dit. Le but de mon projet est d’apporter une lueur d’espoir et une vision différente.

Sur ce, prenez soin de vous et à bientôt.

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